Entre résilience et adaptation aux nouveaux défis

Le capital-investissement et l'immobilier en 2024

Table of Contents

Introduction

La conférence Preqin sur les marchés privés, à laquelle nous avons assisté le 24 septembre 2024, a mis en évidence les grandes tendances de cette année. Selon le rapport Preqin présenté par Jonathan Furer, Head of LP Solutions, et Paul Sinthunont, VP, Research Insights, les instabilités politiques influencent les marchés privés – en particulier le capital-investissement et l’immobilier – et ont un impact sur leurs performances respectives dans un paysage mondial en mutation. Voici ce qu’il faut retenir de la résistance des fonds de capital-investissement européens et des ajustements des stratégies immobilières.

Contexte et impact des « quatre D

Le rapport articule l’année 2024 autour des « quatre D » – démographie, décarbonisation, numérisation et démondialisation – qui transforment les stratégies d’investissement des grandes institutions financières. La démondialisation, par exemple, entraîne la délocalisation des chaînes d’approvisionnement et la formation de blocs économiques régionaux, ce qui influence directement les choix d’investissement dans le capital-investissement et l’immobilier.

Capital-investissement : Croissance continue en Europe, prudence aux États-Unis

Les prévisions indiquent une augmentation constante des fonds institutionnels alloués au capital-investissement, passant de 4,3 % en 2019 à 6,9 % en 2023. Cette croissance reflète l’attrait soutenu du capital-investissement pour les investisseurs qui cherchent à diversifier leurs portefeuilles et à maximiser leurs rendements dans un environnement financier qui s’est bien comporté au cours de la dernière décennie. En Europe, en particulier, le capital-investissement semble solide. Les fonds européens surpassent désormais leurs homologues nord-américains, une tendance surprenante attribuée à deux facteurs principaux :

Multiples d’entrée et recours à l’endettement: en Amérique du Nord, les multiples d’entrée élevés et le recours fréquent à l’endettement augmentent les coûts de transaction dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. Cela complique la rentabilité des transactions, contrairement aux fonds européens, qui adoptent une approche plus prudente, avec des multiples plus bas et un recours moindre à l’endettement.

Ralentissement des transactions et retards dans les sorties: Les gestionnaires américains sont parfois confrontés à des difficultés pour sortir des investissements à des valorisations attrayantes. Nombreux sont ceux qui choisissent d’attendre un marché plus favorable pour maximiser les rendements, même si cela implique de retarder les sorties prévues.

Immobilier : La dette immobilière comme valeur refuge

Les graphiques mettent en évidence une différence notable entre les performances des investissements immobiliers directs et celles des fonds de dette immobilière. Le secteur de l’immobilier a accusé un certain retard en raison des problèmes post-pandémiques dans le secteur des bureaux. Cependant, certains secteurs de l’immobilier, notamment l’hôtellerie, ont bénéficié d’une épargne forcée lors de blocages successifs et dans un contexte inflationniste.

Comparaison avec les indices de référence mondiaux (S&P 500, Russell 2000, MSCI)

Un autre point clé des graphiques de Preqin est la comparaison entre les performances des actifs privés (capital-investissement et immobilier) et les indices des marchés publics. Alors que le capital-investissement a conservé une longueur d’avance sur les rendements à 5 et 10 ans, tous les autres secteurs ont sous-performé par rapport au S&P 500, qui a largement bénéficié de l’envolée des valeurs technologiques, notamment les FAANG (Google (Alphabet GOOG), Apple (AAPL), Facebook (Meta), Amazon (AMZN)), ou les « Magnificent Seven » (Microsoft (MSFT), Tesla (TSLA) et NVIDIA (NVDA)), où les valeurs technologiques représentent plus de 25 % de l’indice.

Vers une stratégie de résilience et d’adaptation

Pour les professionnels de l’investissement, 2024 marque un tournant stratégique. Dans un contexte de hausse des taux et de transformations mondiales, le capital-investissement et l’immobilier doivent s’adapter. Le capital-investissement européen fait preuve d’une flexibilité admirable mais doit rester vigilant face aux cycles du marché. Pour l’immobilier, le coût de la dette est devenu un élément crucial pour garantir des rendements sur des marchés volatils. La capacité des fonds et des gestionnaires d’actifs à s’adapter aux nouvelles réalités économiques en donnant la priorité aux stratégies régionales et segmentées pourrait bien déterminer le succès de ces deux secteurs clés dans les années à venir.